Anne Dupuy

La soutenance d’Habilitation à Diriger des Recherches en sociologie d’Anne Dupuy s’est tenue le 4 mars 2024.

Titre du manuscrit principal

Socialisations alimentaires enfantines en contextes : une contribution à l’analyse de la différenciation sociale des enfants

Soutenance HDR

Composition du jury

Franck COCHOY, Professeur des Universités à l’Université Toulouse Jean Jaurès, membre senior de l’IUF (rapporteur)

Séverine GOJARD, Directrice de recherche INRAE, Centre Maurice Halbwachs, École Normale Supérieure (rapportrice)

Bernard LAHIRE, Directeur de recherche CNRS au Centre Max-Weber, École Normale Supérieure de Lyon, Membre senior de l’IUF (examinateur)

Jean-Pierre POULAIN, Professeur émérite des Universités à l’Université Toulouse Jean Jaurès, titulaire de la chaire Food Studies (président)

Régine SIROTA, Professeur émérite des Universités à l’Université Paris Descartes (rapportrice)

Vincent SIMOULIN, Professeur des Universités à l’Université Toulouse Jean Jaurès (garant).

Résumé de la thèse

Le parti pris de cette étude inédite est d’analyser le processus de différenciation sociale, à l’œuvre dans la socialisation alimentaire enfantine, mêlé à celui du travail d’identification différentielle, orchestré par la recherche. L’objectif est ainsi de contribuer à l’analyse des effets concrets de la différenciation et des contre-effets différenciateurs de cette matrice sociologique. Il s’agit de dévoiler les nouveaux apports scientifiques à la lumière des conditions sociales de la socialisation alimentaire et, de manière implicite, de documenter les normativités de la recherche, se saisissant de l’analyse de la vulnérabilité qui caractérise la période de l’enfance à travers celle des inégalités sociales et de santé entre enfants, selon leur milieu d’origine et leurs modes d’alimentation.

Trois parcours sont proposés – la « revisite », la « visite » et la « contre-visite » – qui sont lus comme des variations expérimentales. Celles-ci consistent en un effort d’articulation de postures paradigmatiques et de démarches d’opérationnalisation de la recherche qui sont le plus souvent découplées en savoirs spécialisés.
Le premier parcours s’intéresse à la structuration sociale des mots et discours enfantins sur leurs repas et prises alimentaires à partir de la revisite d’un terrain quantitatif. Il offre l’occasion d’interroger la normativité qui entoure le travail de traitement analytique sur les données.
Le deuxième prend appui sur des travaux de recherche de type ethnographique pour visiter la sociogenèse des orientations sensori-gustatives au cours de la diversification alimentaire. Par le recours à une externalisation des données issues d’une cohorte nationale sur la petite enfance et l’enfance (ELFE) et la centration sur une étude de cas – explicitement, le recours aux produits infantiles issus du commerce – ce parcours s’attache à approfondir la réflexion initiale sur la vulnérabilité-dépendance des nourrissons à leur entourage nourricier, au cours de leur socialisation et développement, en ouvrant la perspective qualitative à des traitements statistiques enclins à saisir des déterminants sociaux. En arrière-plan, la normativité sous-tendue dans les protocoles d’enquête est également interrogée.
Le troisième parcours renvoie aux épreuves de différenciation pour les enfants dans l’incitation à la transition alimentaire relevant de recherches sur projets financés. La contre-visite relève de l’orientation pragmatiste partiellement empruntée pour mettre l’accent sur le questionnement issu des mises à l’épreuve enfantine. Celles-ci sont favorisées par le travail d’identification différentielle de la recherche sur projets, produisant des dispositifs qui ambitionnent de changer des dispositions sociales. Ce faisant, ils risquent de conforter la différenciation sociale verticale, soit la domination entre adultes et enfants et entre enfants eux-mêmes. Ce processus différenciateur interroge le travail sociologique et la normativité intrinsèque l’accompagnant.

En définitive, ce cheminement en recherche ambitionne d’apporter une contribution à l’analyse de la différenciation sociale et, de cette manière, à l’épineuse question des inégalités d’alimentation entre enfants.

Centre National de la Recherche Scientifique
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